Vous avez peut-être entendu parler d’un phénomène dont souffrent une grande majorité des enfants dysgraphiques : je veux parler de la surcharge cognitive. De quoi s’agit-il exactement? Levons un coin du voile sur ce phénomène maintenant mieux connu.
La mémoire de travail étant limitée, si trop d’informations sont à avoir en tête en même temps pour réaliser une tâche, il se produit le phénomène de surcharge cognitive, c’est à dire que le cerveau ne peut plus gérer simultanément le flux de données qu’on lui demande.
Pour bien comprendre de quoi il s’agit, prenons un exemple concret familier: un enfant est à l’école, en train de faire une dictée.
Pour réaliser cette exercice banal à priori, l’enfant a besoin de gérer en même temps une grande quantité de données.
Tout d’abord, il lui faut respecter les consignes habituelles, et donc se les remémorer (je commence à trois carreaux du bord, je mets la date en bleu, dictée en rouge au centre de la feuille, je n’écris pas dans la marge…)
Ensuite, l’attention de l’enfant doit être dirigée vers le maître qui dicte ce que l’on doit écrire. Bien sur, il ne faut pas faire de fautes. Il faut donc se rappeler le vocabulaire, l’orthographe, la grammaire. Une fois cela fait, il faut (tout en continuant à écouter ce que dit l’enseignant) écrire les mots sur sa feuille, ce qui implique de savoir comment tracer les lettres, de bien tenir son stylo. Enfin il faut se conformer au modèle d’écriture cursive de manière à produire un texte lisible … A tout moment, l’enfant doit vérifier que tout se déroule comme prévu, que le “m” que l’on voulait écrire ne s’est pas transformé en “n” par exemple….
Vous l’aurez compris, pour les enfants souffrant de dysgraphie, c’est quasiment mission impossible.
Pourquoi?
L’enfant dysgraphique est focalisé sur le fait d’écrire en lui même. Il doit penser à comment on tient le stylo, comment faire un a (“je trourne dans quel sens déjà? ah oui, comme ça, ensuite je fais une petite canne, oups, elle est trop grande, j’efface et je recommence… eh, attendez, ça va trop vite!”
Il a beau savoir par coeur qu’au pluriel on met un s, y penser en dictée est une autre paire de manche…
C’est pourquoi, en aidant un enfant dysgraphique à rééduquer son écriture, on obtient souvent des effets remarquables sur l’orthographe. Libéré de ses problèmes d’écriture, l’enfant a enfin le temps de penser à autre chose qu’à l’écriture, il a plus de temps pour réfléchir, et pour se relire.
Il y a un petit test simple à faire pour voir si votre enfant souffre de surcharge cognitive du à son geste d’écriture durant les dictées, ou s’il n’a pas appris ses leçons. Au lieu de lui faire faire une dictée classique, demandez lui de faire une dictée à trous, ou de trouver les fautes dans la dictée d’un autre élève. S’il fait moins de fautes lorsqu’il n’écrit pas, on peut logiquement en conclure que le fait d’écrire l’empêche de montrer ce qu’il sait. On peut donc raisonnablement s’attendre à des progrès en orthographe en parallèle d’une rééducation de l’écriture. pour aller plus loin :
la dysgraphie dans la littérature scientifique
Et pour ceux et celles qui sont intéressés et veulent en savoir plus sur cet aspect (un peu méconnu) de l'enseignement de l'écriture il m'arrive d'organiser régulièrement des formations en Visio-conférence sur ce sujet. Regardez les dates sur la page formation. Vous y trouverez un module spécifiquement consacré à la dysgraphie, mais furetez il y a plein d'autre thèmes de formation sur l'enseignement de l'écriture.
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